mars 7, 2020
Par Raymond Goyeau-Laurens
Fondateur et Directeur de l’ASBL COMSA
Depuis 23 ans, Patricia Pitisci dirige Tutti Frutti, une école de langues bruxelloise spécialisée dans les maternelles, primaires et l’accueil extrascolaire. La particularité de cet établissement scolaire réside dans leur dispositif pédagogique qui se veut « actif ».
Un cadre d’apprentissage propulsé par une ouverture sur le monde et l’épanouissement individuel au travers des échanges avec les autres. Autre spécificité, celle de la diversité culturelle où de nombreuses langues se côtoient, un reflet cosmopolite de la commune de Saint-Gilles où l’ASBL est implantée. Au travers de cet article, vous découvrirez les grandes lignes de Tutti Frutti ainsi qu’un partage de regards sur la problématique de la communication des ASBL.
Une école haute en couleurs
C’est au 204, Rue de la Victoire que se trouve le siège de Tutti Frutti, une école de langues qui s’adresse aux enfants âgés de 3 à 11 ans.
Traduit de l’italien, le nom de l’association signifie « tous les fruits » et évoque à lui seul toute la diversité de l’ADN de la structure.
Il y a tout d’abord la volonté de ne pas être une école de langues « classique » où l’aspect purement éducatif peut limiter le champ des possibles en matière d’exploration culturelle. Ensuite, il s’agit de mettre en place une pédagogie basée sur la langue parlée dans un environnement riche en interactions ludiques. En effet, la sensibilisation à la langue par le jeu est l’une des techniques d’apprentissage proposées par l’association.
La création d’un environnement propice à la créativité permet également à l’équipe de l’ASBL d’aller « au-delà » d’un cadre formel. Permettre à l’enfant de développer ses cinq sens dont l’observation de son milieu lui permettra d’être plus curieux envers les autres et lui-même. Patricia Pitisci précise : « Ce ne sont pas des cours intensifs, on respecte le rythme d’apprentissage des enfants. Il est important de titiller leur motivation, d’éveiller leur curiosité en vue de réaliser une véritable pédagogie d’ouverture à d’autres cultures, d’autres sonorités, d’ouvrir à une tolérance plus large pour l’avenir ».
Une logique interculturelle et de multidisciplinarité
Chez Tutti Frutti, tout le monde est le bienvenu, de nombreuses cultures sont représentées. Parmi celles-ci et en complément de l’anglais et de l’italien, on peut aussi communiquer en chinois, en arabe, en russe et en suédois. Les activités sont nombreuses et vont de l’atelier cuisine, au bricolage en passant par des sorties aux musées.
Il est important de créer des espaces où on peut produire et créer ensemble. Chez Tutti Frutti, l’objectif est l’épanouissement personnel et l’ouverture à l’autre. Elle souligne que tout processus d’apprentissage demande du temps, un rapport à la temporalité qu’il ne faut pas négliger.
Et la communication dans tout ça ?
Afin de pouvoir sensibiliser les parents à l’objet de l’ASBL, Tutti Frutti dispose de deux mini bus qui circulent dans la ville de Bruxelles et à la sortie des écoles. Une action de proximité originale qui porte ses fruits depuis 18 ans. L’association pérennise également sa visibilité via Internet et les réseaux sociaux.
Est-ce cependant « facile » tous les jours ? La complexification des supports de communication (particulièrement dans le digital) nécessite un accompagnement soutenu et progressif dans l’appropriation des nouvelles technologies.
Selon Patricia Pitisci : « On a trop d’informations, on n’arrive pas toujours à se dépatouiller. Les ASBL ont besoin de visibilité car elles font un travail incroyable. Celles-ci sont portées par des valeurs fortes qui nous animent. Les ASBL ont peu de moyens, la communication est leur parent pauvre. Il y a aussi des actions sur lesquelles on a fortement travaillé et qui ne sont pas assez répercutées à l’extérieur. Chez Tutti Frutti, nous n’avons pas de subsides, nous devons trouver des sources de financement. Les ASBL mènent des « batailles de société » importantes. Il faut penser à la pérennité. »
A la question de l’engagement bénévole, Patricia Pitisci nous répond que, pour beaucoup d’ASBL, la question du bénévolat est majeure. La gratuité du service rendu ne mériterait-elle cependant pas d’être rétribuée à terme ?L’exercice du volontariat mobilise beaucoup d’énergie et peut empiéter sur la question de la viabilité financière des bénévoles.
N’est-il pas du rôle des pouvoirs publics d’investir davantage dans le secteur non-marchand, là où la création de valeur humaine est la plus importante ?
Patricia Pitisci a été accompagnée par Vincent Danniau (COMSA ASBL) dans l’apprentissage de LinkedIn.
Nous la remercions pour son humanité et continuerons à soutenir la visibilité de son association.
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